GLICENSTEIN Julien
Pierre Rabischong (1932-2025)
C’est en mai 1968, que j’ai rencontré pour la première fois Pierre Rabischong , au premier cours de chirurgie de la main de Montpellier, qu’il avait organisé avec Jacques Michon, Raymond Vilain et François Iselin. Comme tous les participants, je fus impressionné par la qualité de ses cours d’anatomie, plus clairs, plus physiologiques que ceux que nous avions suivis quelques années plus tôt à la Faculté.
Le parcours scolaire et universitaire de Pierre Rabischong avait été celui d’un surdoué. Né à Nancy en 1932, il avait terminé ses études de médecine à 23 ans, fait une spécialité de neuro psychiatrie, des études d’anthropologie à la Sorbonne, et avait été nommé titulaire de la chaire d’anatomie de Montpellier à 32 ans. Il fut directeur de l’unité de recherches biomécaniques 103 de l’INSERM, doyen de la Faculté de Montpellier et titulaire de nombreuses Sociétés internationales dont la vice-présidence de l’Académie mondiale des Technique Biomédicales de l’UNESCO.
Pierre Rabischong avait deux rêves : réaliser une prothèse de main physiologique, faire marcher les paraplégiques. A l’hôpital Boucicaut, dans le service de Raymond Vilain, il venait régulièrement étudier les retours de sensations sensitives chez les amputés. Il nous demandait de piquer dans les nerfs des électrodes microscopiques, pour créer une sensibilité artificielle nécessaire aux futures prothèses.
Ses deux rêves ne se réalisèrent pas, mais ses travaux contribuèrent à la connaissance et à l’amélioration du handicap des paraplégiques.
Il écrivit plusieurs livres : « le programme Homme » (PUF 2003), « le handicap » (PUF 2003), « le Constructeur » (Books sur demande 2013).
Il fut, à l’âge de 31 ans, l’un des membres fondateurs du GEM (future SFCM). Premier secrétaire de Rédaction, il éditait un bulletin ronéotypé dont il n’existe plus que de rares exemplaires. Sa Présidence de la Société, en 1974, fut mémorable. Il réunit les principaux spécialistes mondiaux des prothèses et de la régénération nerveuse. Ayant constitué un programme scientifique de haut niveau, ii réserva une surprise aux participants du Congrès, estimant que « le contraste … fait l’essence du comportement et la base essentielle de la diversité de la vie ». Fort de ce principe, il réalisa un dîner de gala costumé. Les costumes avaient été choisi sans prévenir ceux qui devaient être déguisés (les membres titulaires français et étrangers). Ce fut une soirée inoubliable.
Invité et honoré dans le monde entier, Pierre Rabischong vint moins souvent aux Congrès de la Société mais il participa activement à l’édition du livre jubilaire. Depuis, il venait régulièrement au dîner des anciens présidents. Les fondateurs de notre Société étaient cinq comme les doigts de la main. Le dernier d’entre eux vient de disparaître. Nous ne l’oublierons pas.
Dr. Julien Glicenstein.